Do you really think there’s happy ever after for people like us?

Le remake de The Thomas Crown Affair n’est pas sérieux. Et donc en tant que tel, il doit être pris très sérieusement. À ce titre, la toute première scène contient, comme c’est souvent le cas chez les très grands cinéastes, un certain nombre d’informations censées nous éclairer sur ce que le film raconte, ce que McTiernan cherche à nous dire.
Le film de Jewison était un objet assez désarmant, sans réel message à mon sens, mais qui avait diablement bien compris que le physique des interprètes, leur présence à l’écran, pouvait suffire à porter une œuvre et pouvait même la porter très loin. C’était presque à ce titre un high concept movie avant l’heure, où Jewison semblait nous dire « regardez ces gens beaux et riches ».
C’est le point de départ de McTiernan qui toutefois rajoute quelque chose de terriblement daté aujourd’hui, mais de parfaitement en phase avec son époque et surtout avec le moment dans lequel le cinéaste se trouve à cette époque : un discours empathique sur les ultra riches. Au sommet, McT n’avait presque pas connu les âffres du box office et, même si l’air commençait à manquer – comme allait le démontrer la suite de sa carrière – il avait tout le loisir d’observer ses comparses tenter de déchiffrer et reproduire son ascension. Peu y parviendraient.
Je crois fermement que le constat de cet homme alors riche et pourtant accompli selon tous les standards occidentaux est le suivant : it’s lonely at the top. Et quelque part, son film est à la fois un constat et l’exécution des conclusions que celui-ci appelle. Comme Brosnan, McT « vole » une œuvre (fait un remake) et le rend quasiment immédiatement, différent mais identique, pour qu’un public puisse le voir. En ce sens, The Thomas Crown Affair est une réflexion sur la démarche particulière qu’est le remake : refaire une œuvre différemment pour qu’elle demeure la même.
Mais plus avant, je pense que comme Thomas Crown, McTiernan s’interroge sur la valeur des relations lorque l’on est au sommet. Comme le personnage de Brosnan, le cinéaste a dû se trouver dans des salles de réunion entouré de gratte-papiers dont le passe-temps favori devait être la flagornerie. Comment alors faire confiance ? Quand tout votre entourage célèbre constamment votre réussite, ou bien cherche à vous voir échouer, comment savoir si l’on réussit vraiment ?
L’histoire et la cruauté du box-office viendraient démontrer quelques films plus tard à McTiernan qu’il n’est de Dieux que l’on ne puisse renverser. Mais en attendant, le cinéaste nous offre un film réjouissant, charmant et plein d’une réflexion qui ne vient en rien alourdir notre expérience de spectateur-ice.
Et ce genre de films-là se compte sur les doigts de la main.
